Raisin des montagnes

Un texte de Annie Rouleau

Paru dans le numéro

Publié le : 13 novembre 2025

Dernière mise à jour : 13 novembre 2025

 

Le raisin des montagnes est très riche en berbérine, un alcaloïde amer, antibactérien, antifongique et antiparasitaire.

raison des montagnes berberine
Le raisin des montagnes. Photo fournie

Parfois, les plantes m’intimident. Je me sens toute petite et ignorante devant l’immensité et la complexité de leurs pouvoirs, même si elles ne mesurent que quinze centimètres de haut. Pourtant, je les utilise constamment et sans hésitation. C’est le cas de la plante d’aujourd’hui : le raisin des montagnes, Mahonia aquifolium.

Le mahonia fait partie de la famille de berbéridacées, comme la savoyane (Coptis groenlandica), l’hydraste et l’épine-vinette (Berberis vulgaris). Cette dernière est très populaire dans les aménagements paysagers d’ici. Elle est aussi très utilisée pour ses propriétés médicinales. Dans cette famille, les plantes ont toutes en commun de fortes concentrations d’alcaloïdes, principalement la berbérine. Ce constituant est quand même bien connu et largement étudié par les scientifiques.

La berbérine est d’abord très amère, antibactérienne, antifongique et antiparasitaire. Elle aide particulièrement les muqueuses de la bouche, de la gorge et du système digestif sur toute sa longueur. Elle agit aussi pour les troubles de la peau. Toutes les muqueuses, en fait ! La berbérine se retrouve surtout dans les rhizomes, racines et dans le bas du tronc des plantes qui en contiennent. Sa couleur, un jaune-ocre intense, permet une identification indubitable. Il suffit de soulever la terre de quelques centimètres sous les feuilles de savoyane pour voir apparaitre ces fils d’or si précieux. 

Le raisin des montagnes est donc très riche en berbérine. Il fait des merveilles en cas de ballonnement et gaz douloureux, d’inflammation et d’infection de la muqueuse digestive, de diarrhée. Il améliore l’intégrité de la muqueuse et permet de venir à bout de déséquilibres intestinaux, même de candidoses. Le raisin des montagnes stimule les sécrétions gastriques et biliaires, augmentant ainsi l’efficacité de leurs fonctions digestives. Il est aussi utilisé pour les troubles de la peau, même les gros, comme le psoriasis, l’acné, les mycoses, l’eczéma et les dermatites suintantes, en interne et en externe.

Je parle souvent de l’importance de consommer les plantes entières, par opposition aux extraits standardisés de composés isolés. Bien entendu, il s’agit d’une école de pensée et je ne crache aucunement sur les autres, mais dans le cas de la berbérine, il est reconnu que la présence des autres constituants équilibre la puissance de celle-ci. C’est comme si on mettait seulement les têtes fortes en charge d’un projet. Elles risquent de se taper sur la tronche au lieu d’être efficaces. La présence de têtes patientes, ou sensibles, observatrices et autres permet d’équilibrer et d’agir.

Dans le cas du raisin des montagnes, la globalité de ses constituants biochimiques en fait une plante somme toute douce et appropriée pour les enfants et les personnes fragiles. Il peut, contrairement à l’hydraste ou à l’épine-vinette, être pris sur de longues périodes. Il est souvent associé à d’autres plantes spécifiques au trouble à traiter, mais peut très bien être utilisé seul. La seule contrindication réelle concerne les femmes enceintes. Se renseigner à fond ou consulter un ou une professionnelle demeure une option sage et sécuritaire.

Le raisin des montagnes est originaire du nord-ouest des Amériques. Des variétés se retrouvent au sud des États-Unis, mais le Mahonia aquifilium vient vraiment du nord-ouest, de la Californie à la Colombie-Britannique. On trouve aussi d’autres variétés un peu partout sur la planète.

Il est tout à fait possible de cultiver la plante dans nos régions habituellement froides en hiver. Le raisin des montagnes aime les sols bien drainés, riches en humus donc plutôt en sous-bois ou directement en forêt où quelques rayons de soleil percent. Il est préférable de le protéger durant les grands froids.

On récolte principalement le rhizome et les racines. Comme il y a peu de chance qu’une colonie assez importante existe par chez nous, de très bons produits sont disponibles sur le marché. La compagnie ontarienne St-Francis Herb Farmpropose la plante en formule composée avec d’autres plantes pour les troubles de la peau et du foie principalement. Ils offrent aussi le mahonia en teinture seule. Au Naturel à Sutton et Verveine à Cowansville peuvent en commander au besoin.

Elles m’intimident ces plantes, c’est vrai, mais avec déférence je les chéris, les bois, je les suggère, avec cette humble certitude qu’elles sont parfaites.

Bon hiver !

Annie Rouleau, herboriste praticienne

annieaire@gmail.com

Références

Herbal Antibiotics, par Stephen Harrod Buhner, Storey Publishing Ó2012

The Energetics of Western Herbs, par Peter Holmes, Snow Lotus Press Ó1998

Médecine Traditionnelle Chinoise, plantes médicinales occidentales, par Anne Vastel et Sylvie Chagnon, Guy Trédaniel éditeur Ó2020

The Book of Herbal Wisdom, par Matthew Wood, North Atlantic Books Ó1997

Medical Herbalism, par David Hoffmann, Healing Arts Press Ó2003

Medicinal Plants of the Pacific West, par Michael Moore, Red Crane Books Ó1993