Sanders Pinault : oser créer

Un texte de Andrée Pelletier

Paru dans le numéro

Publié le : 26 février 2024

Dernière mise à jour : 26 février 2024

 

Peindre est pour Sanders Pinault un état second généré par le geste créatif dont le résultat souvent l’étonne. C’est l’émotion qui la guide.

L’attachement, huile sur bois, 2022, 50 x 50 cm. Photo : Alain Laforest

Avec sa tignasse bouclée, ses yeux pétillants derrière ses lunettes rouges et la démarche de celle qui n’a pas de temps à perdre, on ne s’y méprend pas, c’est Sanders Pinault. Suttonnaise depuis plusieurs années, Sanders a laissé derrière elle Montréal, ainsi qu’une longue carrière dans le monde du spectacle et de la télévision, pour se consacrer uniquement à son art. Après un baccalauréat à l’université Bishop, elle installe chez elle un atelier et se met à l’œuvre. Au cours des années, elle raffine son art en participant à de multiples ateliers, à des expositions de groupe, ainsi qu’à des expositions solos. 

Il est fascinant de voir l’évolution d’une artiste ! En effet, je suis le parcours de Sanders Pinault depuis déjà plusieurs années. Quel que soit le format ou le médium on y discerne l’assurance de la technique, du trait et de la démarche mais surtout, on sent qu’elle n’a pas peur de la « page blanche ».

Ainsi, travaillant sans pinceaux, souvent avec des bâtons d’huile et du fusain, ses mains tracent, frottent, estompent la peinture et, petit à petit, l’œuvre prend forme sans idée préconçue. Sa création est spontanée. Quand elle commence à réfléchir à ce qu’elle est en train de faire, elle abandonne. Peindre est pour elle un état second généré par le geste créatif dont le résultat souvent l’étonne. C’est l’émotion qui la guide, une émotion qu’elle souhaite transmettre à celle ou à celui qui regardera son œuvre. Selon elle, une œuvre d’art n’est pas seulement esthétique, elle doit toucher le spectateur. 

Loufoque, collagraphie sur papier Hahnemuhle, 2022, 29 x 35 cm. Photo : Alain Laforest

De plus, Sanders Pinault n’a pas peur non plus d’expérimenter, de changer de médium, car c’est véritablement une artiste multidisciplinaire qui s’adonne au dessin, à la peinture, à la sculpture et à l’estampe. Dernièrement, à cause d’un bête accident, elle s’est momentanément trouvée dans l’impossibilité de créer. Elle s’est encore une fois rendue compte de la puissance de la création dans sa vie. C’est en créant qu’elle trouve sa place dans l’univers, qu’elle se sent vivre et se sent bien. D’ailleurs, elle crée dans l’urgence, comme si on allait lui enlever la possibilité de le faire. Selon elle, « la créativité est quelque chose qu’il faut partager, car tout le monde a le pouvoir de le faire, artiste ou non. Être dans la création rend heureux ».

C’est d’ailleurs dans cet esprit qu’elle donne des ateliers d’estampe, plus précisément de monotype et de collagraphie (une technique de gravure, basée sur le collage, utilisant plusieurs matériaux). Ce sont des ateliers pour débutants et intermédiaires où sont réunis un maximum de cinq participants. Elle partage généreusement son savoir avec eux et leur enseigne à créer en toute liberté.

Idée de génie. Photo : Alain Laforest

Lorsque vous vous trouverez devant l’une de ses œuvres, donnez-vous un moment de liberté. Laissez-vous toucher par le jeu des formes, des lignes, des couleurs. Ouvrez votre cœur, votre esprit comme le fait Sanders Pinault quand elle peint. Souvenez-vous qu’elle peint parce que cela lui est essentiel. Voilà pourquoi elle cite le peintre Pierre Soulages (1919 – 2022) : « C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche ».

Sanders vient de terminer une exposition solo qui a eu un beau succès au Centre d’art de Frelighsburg. Une telle reconnaissance de la communauté redonne toujours à l’artiste de l’ardeur et de l’inspiration. Pour voir ses œuvres ou connaître les dates de ses ateliers, visitez sa page Instagram SandersPinaultArtiste ou www.sanderspinault.ca.

Andrée Pelletier