Soulwood ou vendre son âme au bois

Un texte de Marie-France Herbuté

Paru dans le numéro

Publié le : 13 mars 2017

Dernière mise à jour : 2 novembre 2020

 

« Maman, mets encore la chanson Boumbaziboum (sic) ! » Depuis un mois qu’on a le CD de Soulwood dans la voiture, qu’on l’écoute pendant nos allers-retours Dunham-Sutton et du haut de ses presque trois ans, l’oreille neuve mais déjà sûre de ma fille Margot n’a pas manqué de s’accrocher à la piste numéro cinq, la plus poignante,…

Soulwood

Photo par Éric Lajeunesse

« Maman, mets encore la chanson Boumbaziboum (sic) ! » Depuis un mois qu’on a le CD de Soulwood dans la voiture, qu’on l’écoute pendant nos allers-retours Dunham-Sutton et du haut de ses presque trois ans, l’oreille neuve mais déjà sûre de ma fille Margot n’a pas manqué de s’accrocher à la piste numéro cinq, la plus poignante, qu’elle demande encore et encore.

Écouter Soulwood, c’est comme grimper dans l’arbre généalogique de l’humanité ; on met un pied sur une branche acadienne, l’autre sur une branche américaine, puis on s’agrippe à une branche québécoise et on se hisse jusqu’à l’embranchement celtique avant de se poser les fesses sur un didgeridoo oublié là, près du rossignol chantant.

« Maman, comment ils s’appellent les monsieurs ? » Je lui ai déjà dit mille fois : Daniel, Alex et Willy. À eux trois, ils jouent plus de 14 instruments ! « Mais maman, ils habitent où les monsieurs ? »

« Ah, ça Margot, les gars de Soulwood sont bel et bien de chez nous, des Cantons de l’Est ! Ce n’est pas par hasard que leur musique va si bien avec le paysage ! Ma belle Margot, j’ai le goût de te raconter une histoire, mais je ne sais pas si tu vas me croire…

Par une belle journée d’hiver, les gars se promenaient dans une vieille forêt du nord des Appalaches, quand soudain, Daniel s’arrêta net au pied d’un arbre et se mit à pleurer. L’arbre était immense, plusieurs fois centenaire. Il s’était nourri de cette terre pendant que des générations humaines déambulaient sur ses racines proéminentes. Il avait bu l’eau du bassin versant pendant des siècles et connaissait le goût des saisons par cœur. Il avait été témoin silencieux de bien des amourettes et hauts faits du temps passé. Mais le temps était venu pour lui de mourir et toute sa fibre s’y opposait désespérément.

 

Heureusement que Daniel, qui sait entendre le cœur des arbres, passait par là. Un pacte fut scellé. L’arbre aurait la vie éternelle à condition de donner son âme à travers sa chair. En moins de quatre coups de hache de Willy, l’arbre tomba. Les gars en tirèrent moult violons, flûtes, nickelharpa, tambours et autres instruments bizarres sculptés d’une main experte.

Et c’est là Margot que l’image de la pochette de l’album “À l’orée du bois” nous révèle le secret de la magie du son de Soulwood. Le bois porte l’empreinte de son environnement. En jouant de son instrument, l’âme du musicien en pénètre la fibre et fait vibrer l’âme du bois qui a TANT de choses à raconter. Puis par une étrange osmose, l’homme et le bois ne font plus qu’un ; c’est la communion. »

« Maman, mets encore la chanson Boumbaziboum (sic) ! »

« Mais on vient de l’écouter ! Moi, je voudrais entendre le morceau sur cette jeune et chaste bergère qui soigne son troupeau sur la fougère. Tu permets ? »

Pour acheter l’album, passez au Brome Lake Books à Knowlton, au Naturel ou au Farfelu à Sutton, ou allez en ligne : https://soulwood.bandcamp.com/

Pour assouvir votre curiosité :

http://www.lafabriqueculturelle.tv/capsules/7904/a-l-oree-du-bois-avec-soulwood