Un projet structurant pour la région

Un texte de Geneviève Hébert

Paru dans le numéro

Publié le : 16 septembre 2020

Dernière mise à jour : 22 avril 2021

 

Cet été, il y a eu un vif engouement pour le vélo partout dans la province, au pays et même ailleurs dans le monde. Dans la région Brome-Missisquoi, l’offre cycliste ne manque pas, peu importe le type de vélo pratiqué : vélo de route, vélo de montagne, gravelbike, cyclocross, trial, mais aussi BMX, vélo de…

Vélodrome

Le projet du Vélodrome Sylvan Adams et Centre multisports Desjardins vu de l’extérieur

Cet été, il y a eu un vif engouement pour le vélo partout dans la province, au pays et même ailleurs dans le monde. Dans la région Brome-Missisquoi, l’offre cycliste ne manque pas, peu importe le type de vélo pratiqué : vélo de route, vélo de montagne, gravelbike, cyclocross, trial, mais aussi BMX, vélo de piste et paracyclisme. Ces dernières disciplines peuvent être pratiquées dans des installations extérieures au Centre National Cycliste de Bromont (CNCB). Parmi elles, des pistes de BMX avec pump track, des pistes d’habiletés dont la plus grande ligne de sauts (dirt jumps) au Canada, ainsi qu’un vélodrome extérieur de calibre international.

Patrimoine olympique

Cet été, cette pièce du patrimoine olympique provenant des Jeux d’Atlanta de 1996 a été complètement démontée. Sa structure d’acier sera réutilisée dans un projet qui devrait s’avérer structurant pour la région. Le Vélodrome Sylvan Adams et Centre multisports Desjardins.

Depuis la fermeture du vélodrome couvert de Montréal en 1989, devenu le Biodôme aujourd’hui, nombreux sont les athlètes qui rêvent de s’entraîner à l’année au Québec tout en poursuivant leurs études. Les sportifs n’ont pas toujours les moyens financiers de s’expatrier pour aller s’entraîner ailleurs et devenir athlètes à temps plein.

Un projet pour tous

Évidemment, ce genre d’infrastructure coûte une petite fortune et ne sert souvent qu’à l’élite du sport. Mais le CNCB est un organisme à but non lucratif (OBNL) qui encadre déjà une panoplie d’activités liées au vélo, dont de l’entraînement pour tous, allant de l’initiation au développement des habiletés et des performances, dans toutes les disciplines cyclistes. D’ailleurs, l’an dernier, leurs camps d’été 100 % vélo ont reçu le prix coup de cœur des consultants de l’Association des camps du Québec (ACQ).

Comme le précise Nicolas Legault, directeur général de la CNCB depuis 2012 ; « Avant, on amenait les athlètes cyclistes de A à Z, aujourd’hui on travaille beaucoup à la démocratisation du sport. » Le côté multisports est donc là depuis le début du projet de vélodrome couvert afin de répondre aux besoins des cyclistes, mais aussi à la communauté locale et régionale, ainsi qu’aux sportifs en tout genre.

Le vélodrome

Depuis le 29 juin dernier, on peut faire la visite virtuelle du projet sur velodromebromont.ca. Celle-ci donne une bonne idée de l’étendue des possibles. En comparaison avec le vélodrome de Milton en Ontario construit au coût de 63 millions pour les jeux panaméricains de Toronto, celui de Bromont sera plus modeste. Il pourra quand même accueillir des camps d’entraînement internationaux, ainsi que les championnats canadiens élite paracyclistes et les championnats du monde junior. On retrouve en hauteur des estrades de 400 places, des loges, ainsi qu’une zone pour les juges et commentateurs.

Le centre multisports

Sans surprise, de l’extérieur, la bâtisse suit les courbes de la piste ovale de 250 mètres du vélodrome. À l’intérieur, l’aire centrale de 12 000 pi2 se divise en 3 parties. La partie centrale offre une surface multisports adaptable pour des sports de gymnase comme le volleyball, le basketball et le pickleball. Au rez-de-chaussée, les deux extrémités en forme de demi-cercle abritent d’un côté, un pump track intérieur en béton, de l’autre, une « zone jeunesse » développée en collaboration avec l’ambassadeur Max Parrot. Le pump track de 7500 pi2 servira aux BMX, mais aussi aux skateboards, aux trottinettes et aux patins à roues alignées. La zone jeunesse, elle, comporte des trampolines olympiques, ainsi qu’une rampe de départ pour les BMX, skateboards, ski et planche à neige à roulettes avec un bac à mousse pour pratiquer les sauts et manœuvres aériennes.

Deux corridors de course à pied entoure l’aire centrale, qui peut également accueillir des événements accueillant 1200 personnes. Sous la piste, on retrouve les salles mécaniques, les vestiaires, les casiers d’entreposage de vélo, deux salles polyvalentes, une salle de spinning, une salle de musculation, une salle d’entreposage, un petit mur pour l’escalade de blocs, une zone d’entretien de vélo UBAC, ainsi qu’une cuisine communautaire avec salle de formation. Pour cette dernière, le CNCB a déjà développé un partenariat avec la cuisine collective du centre Marguerite-Dubois et le IGA de Bromont.

Sous la piste se trouveront également les bureaux du CNCB. D’autres seront dédiés à un volet recherche et développement en partenariat avec 4 universités, ainsi qu’avec l’entreprise bromontoise LXSIM, spécialisée en modélisation 3D pour la fabrication de prothèses et de pièces de vélo.

Derrière les estrades, la fenestration donne sur la montagne d’un côté et sur la forêt de l’autre. Pour amener un peu de cette nature à l’intérieur, au plafond, un beigne en acier retient des poutres en bois de 30 à 40 pieds. Côté environnemental, la toiture blanche minimise les îlots de chaleur et les eaux de pluie sont récupérées pour le lavage des vélos. Au Québec, ce sera également le premier établissement institutionnel construit en Nudura, un coffrage isolant granbyen.

Accessibilité

Le nouveau bâtiment arbore de grandes entrées qui le rend accessible aux sportifs et aux spectateurs à mobilité réduite. Le CNCB proposait déjà 10 chambres dans son ancienne bâtisse. Ils comptent convertir les bureaux actuels du rez-de-chaussée en chambres adaptées à cette clientèle. Celle-ci aura l’occasion d’utiliser le gymnase en plein jour, alors que le transport adapté est disponible. Nicolas Legault invite d’ailleurs les organismes de sports adaptés à contacter le CNCB pour l’utilisation de l’espace vouée aux parasports.

Financement

Depuis 2015, une centaine de bénévoles ont été mis à contribution. Ils ont formé plusieurs comités afin de trouver les subventions et développer divers partenariats. Plusieurs partenaires ont confirmé leur soutien. Parmi eux, la ville de Bromont, Desjardins, le gouvernement du Québec, le groupe AFFI, ainsi qu’un partenaire privé, M. Sylvan Adams. Cet homme d’affaires israélo-canadien a contribué au projet à hauteur de 2 millions. Ce passionné de vélo aurait fait ses débuts de cycliste au vélodrome de Bromont. Depuis, il a été 19 fois champion du Québec, 6 fois champion canadien et deux fois champion du monde. Aujourd’hui, il vit en Israël où il a bâti un vélodrome couvert et où il travaille à développer le cyclisme. Le vélodrome portera son nom.

Autrement, 16,5 millions sur 17,5 millions ont été amassés jusqu’ici, mais la campagne de financement se poursuit. N’hésitez pas à visiter le site du projet pour en savoir plus : velodromebromont.ca. Vous pourriez avoir votre nom inscrit sur un banc à même les estrades pour la durée de vie du bâtiment.

Autrement, avoir deux députées de la région ayant eu un parcours olympique aide-t-il à réaliser un tel projet ? Nicolas Legault me répond : « Lyne [Bessette] a goûté au centre depuis le début de sa carrière. Elle comprend l’importance pour le sport. Elle et Isabelle Charest, sont deux femmes, deux sportives, qui ont à cœur notre région. Et elles se battent pour les projets. Elles font un travail extraordinaire. Sans leur soutien moral et gouvernemental, le projet ne serait pas là où il en est. »

Au moment de ma rencontre avec Nicolas Legault, celui-ci prévoyait que le projet se terminerait à l’automne 2021.

Apport à la région

Ce projet d’envergure devrait générer 10 nouveaux emplois et 2,5 millions en retombées économiques annuelles. Bien sûr, les répercussions d’un tel projet se feront ressentir bien au-delà de l’économie. Notamment aux niveaux communautaire, touristique et sportif. Le CNCB développe des partenariats avec les clubs sportifs et les écoles secondaires de la région. Le Vélodrome Sylvan Adams et Centre Multisports Desjardins permettra à des athlètes de niveau élite de s’entraîner. Mais il permettra également aux plus jeunes de les côtoyer. Au CNCB, ils croisent déjà de grands noms du cyclisme comme Lyne Bessette, Clara Hugues, Martin Gilbert, Pierre-Olivier Boily, François Parisien et plusieurs autres.

À Sutton, la coureuse cycliste sur route de 19 ans, Lily Plante tirera certainement profit de ces nouvelles installations. Aux Championnats du Canada en 2019, la Suttonnaise a récolté la 7e place pour le contre-la-montre – junior femmes.

Jean-Michel Ryan, copropriétaire de la station de ski Mont Sutton et président de l’Alliance de l’industrie touristique du Québec (AITQ) dit au sujet de ce projet : « Je crois que ce projet renforce la région comme destination cycliste tous acabits (ou de toutes pratiques : route, montagne, gravelbike) incontournables ou de premier plan au Québec ».

Dans ses premières années, Nicolas Legault trouvait que « c’était un peu frustrant, personne ne connaissait le CNCB ». En tout cas, il pourra assurément dire qu’il a contribué à mettre le CNCB sur la carte…