Christiane Roy; l’amour de la gravure

Un texte de Nathalie Rivard

Paru dans le numéro

Publié le : 31 mai 2022

Dernière mise à jour : 31 mai 2022

 

La gravure sur burin est une technique de moins en moins utilisée. Les rares galeries de Montréal qui se spécialisaient dans cette technique ont fermé, et la relève est rare. Pour sa part, Christiane en est toujours aussi passionnée. Vous pourrez mieux comprendre son art en passant à son atelier pendant le Tour des Arts.

Christiane Roy, Dommage collatéral, gravure au burin sur plaque de cuivre, image de 17 x 22,5 cm, 2022.

Christiane Roy a fait les beaux-arts et a terminé en 1978. Ensuite, elle est allée en France pendant deux ans où elle a rencontré Marc Dautry, buriniste accompli. À l’époque, elle faisait de l’eau forte et à la suite de cette rencontre elle a décidé de se concentrer à la gravure au burin. Elle a toujours aimé le dessin à la ligne, donc cette technique l’a séduite.

En gravure sur cuivre, on travaille avec un burin qui est un petit outil très affûté et sur lequel on pousse pour enlever des petits copeaux de cuivre. Ça permet de créer des traits très fins et très nets. C’est un travail de précision. Avant de s’attaquer à la plaque, Christiane fait donc un dessin préparatoire parce que c’est difficile de changer les lignes une fois gravées, car elles sont permanentes. Il faut penser aussi qu’une fois imprimée l’image sera inversée. C’est un travail de patience, car ça peut prendre jusqu’à un mois pour faire une seule gravure. Heureusement que l’on peut en faire plusieurs épreuves. Une fois terminée, on met de l’encre partout et elle va adhérer juste où c’est gravé. On passe ensuite la plaque à forte pression sur un papier pour faire ressortir le dessin. Il faut remettre de l’encre entre chaque épreuve.

Christiane Roy
Christiane Roy, Masques, gravure au burin sur plaque de plexiglass, image : 30 x 40,5 cm, 2021

Christiane travaille aussi avec les plaques de plexi qui donne un tout autre effet. Cette méthode utilise aussi le burin, mais dans ce cas, les traits gravés restent blancs et c’est le reste qui s’imprime. Un bon exemple de cette technique est la gravure Masques où on voit deux oiseaux et des masques. Le fond est bleu et les oiseaux sont blancs. Son thème de prédilection pendant la pandémie est d’ailleurs les masques de procédure. Si vous portez attention à l’image, vous verrez que les oiseaux sont sur une pile de masques. La couleur bleue utilisée rappelle la couleur de ceux-ci. Elle a fait toute une série sur les masques, mais aussi sur la pollution, car elle trouve que ce sont des sujets qui l’interpellent.

Christiane Roy, Bal masqué, gravure au burin sur plaque de plexiglass, image : 40,5 x 50,5 cm, 2022

En mai, elle a participé au Mois de l’Estampe à la Galerie Art Plus, où elle a exposé plusieurs œuvres. La gravure au burin est une technique de moins en moins utilisée. Les rares galeries de Montréal qui se spécialisaient dans cette technique ont fermé, et la relève est rare. Pour sa part, Christiane en est toujours aussi passionnée et vous pourrez mieux comprendre son art en passant à son atelier pendant le Tour des Arts. Elle vous montrera son travail et fera des démonstrations sur comment utiliser la presse pour imprimer. Profitez-en pour regarder aussi les sculptures de son mari, Philippe Chevarier, qui fait aussi parti du Tour des Arts.

Christiane Roy
Christiane Roy, Traces, gravure au burin sur plaque de cuivre, image : 30 x 30 cm, 2018

Où peut-on voir son travail ? Disons que le marché de la gravure se concentre surtout à quelques événements dont la Biennale internationale d’estampe contemporaine de Trois-Rivières à tous les deux ans, puis en Europe où elle participera à l’exposition Global Print Douro au Portugal et l’année suivante à la Biennale de Douro. Vous pouvez aussi prendre rendez-vous avec elle pour passer à son atelier, surtout si comme moi vous tombez en amour avec une de ses gravures. Vous verrez, le rire de cette artiste chaleureuse restera gravé dans votre mémoire !

Nathalie Rivard