La consoude

Un texte de Annie Rouleau

Paru dans le numéro

Publié le : 17 août 2019

Dernière mise à jour : 31 octobre 2020

 

L’automne, c’est le temps des racines. Je vous en ai présenté quelques-unes dans des textes précédents, comme l’aralia qui pousse assez allègrement dans la région. Il me semble important de parler de plantes qui poussent ici, versus d’autres espèces moins adaptées au climat des cantons. La plante du jour est une autre belle, bien implantée…

Consoude

La consoude

L’automne, c’est le temps des racines. Je vous en ai présenté quelques-unes dans des textes précédents, comme l’aralia qui pousse assez allègrement dans la région. Il me semble important de parler de plantes qui poussent ici, versus d’autres espèces moins adaptées au climat des cantons. La plante du jour est une autre belle, bien implantée dans ces terres que nous foulons. Explorons la consoude, Symphytum officinalis pour être précise. Il m’arrive d’omettre les noms latins, je ne devrais pas. Ils sont essentiels à la juste identification des plantes et permettent d’éviter de fâcheuses erreurs.

La consoude est originaire d’Europe et d’Asie de l’Ouest. Naturalisée ici par les Européens, elle s’est, ma foi, bien adaptée. À moins qu’une autre espèce n’ait été plantée, la consoude d’ici est bien l’officinale.

Ce fait est positif à cause du potentiel toxique de la plante. Elle contient, en quantités variables, un alcaloïde qui peut causer de graves lésions au foie. Cet alcaloïde, la pyrrolizidine, est davantage présent dans les Symphytum asperum et x-uplandicum. Il est aussi plus concentré dans la racine que dans les feuilles et, comme je disais, les quantités sont variables d’une plantation à l’autre ou d’un fournisseur à l’autre. Santé Canada a d’ailleurs bien failli bannir la consoude à cause de ce méchant machin difficile à prononcer. Mais, grâce aux efforts soutenus des porteuses de flambeau de l’herboristerie traditionnelle du Québec, l’organisme n’a pas réussi complètement. Depuis, la consoude est légale en usage externe, mais fortement déconseillée pour les usages internes.

La consoude agit sur la peau et les muqueuses, les os et les articulations. Elle est anti-inflammatoire, cicatrisante et elle augmente la prolifération cellulaire. Comme son nom l’indique, elle soude. Elle peut vous fermer une plaie à une vitesse vertigineuse. Même chose pour un os cassé, une foulure ou une entorse. Mais attention ! Comme elle ferme les plaies ou soude les os hyper rapidement, il est impératif que lesdites blessures soient exemptes d’infection et bien alignées. Si tel est le cas, la consoude risque fort de laisser plusieurs d’entre vous plutôt pantois.

On trouve dans la consoude plusieurs composés chimiques qui expliquent l’action de la plante. La racine est riche en allantoïne, molécule reconnue pour ses qualités cicatrisantes et régénératrices cellulaires. Celle-ci est présente dans les feuilles, mais en moins grandes quantités. La plante est aussi source de vitamines, dont A, C et E. Les feuilles contiennent de l’acide rosmarinique, puissant anti-inflammatoire et antioxydant.

Pour les plaies et les coupures donc, mais aussi pour les brûlures et coups de soleil ou comme après-rasage. Pour les os cassés, fêlés, les entorses, tendinites, ecchymoses, douleurs articulaires et musculaires. Elle est aussi incontestablement reconnue pour traiter les hémorroïdes.

L’usage interne que l’on faisait de la consoude, avant l’émoi engendré par la découverte de la pyrrolizidine présente dans la plante, est tout aussi digne d’intérêt. La consoude

était utilisée pour soulager les toux irritantes et les problèmes de poumons, de même que pour traiter les ulcères d’estomac ou du duodénum et les différents types d’inflammations des diverticules intestinales. Notez que les cas d’intoxication attribuables à l’usage interne de la consoude sont très rares, on parle de moins de sept humains touchés depuis 1985. Comme je disais plus tôt, les concentrations de pyrrolizidine sont très variables, une analyse biochimique serait donc nécessaire pour déterminer la présence du méchant machin. J’y reviendrai éventuellement. En attendant, contentons-nous de l’usage externe.

On utilise les feuilles et les racines de consoude, fraiches, séchées, macérées dans l’alcool 40 % ou dans l’huile végétale. On peut considérer la consoude comme une plante de premiers soins. La racine fraiche peut être broyée au mortier et appliquée directement sur une blessure, à condition que celle-ci soit bien propre, vous l’aurez compris. Les feuilles, même chose, il suffit de les écraser à la main et de les appliquer en cataplasme. L’huile macérée est l’alternative annuelle la plus intéressante, mais elle peut s’avérer ardue à préparer. Sécher les racines et les feuilles avant de les mettre dans l’huile permet d’éviter les risques de moisissure. Il existe des onguents vendus en magasin, notamment celui produit par la Clef des champs, en vente Au Naturel à Sutton.

Dernier avertissement, si vous songer planter de la consoude chez vous, choisissez méticuleusement l’emplacement. Il est impossible de se débarrasser de la plante une fois qu’elle est établie. Chaque petit morceau de racine laissé en terre donnera naissance à un nouveau plant.

Bon automne !

Annie Rouleau, herboriste praticienne

annieaire@gmail.com