De l’ail, s’il vous plaît !

Un texte de Annie Rouleau

Paru dans le numéro

Publié le : 9 août 2022

Dernière mise à jour : 12 août 2022

 

Les principaux usages thérapeutiques de l'ail sont de prévenir et traiter les problèmes cardiovasculaires, d’être un puissant antimicrobien et antibactérien et d’agir comme agent préventif du cancer.

ail

Règle générale, lorsque j’écris sur une plante médicinale, je me surprends à vouloir en prendre immédiatement et en grande quantité. C’est toujours d’adon en plus. Vous comprendrez dès lors qu’aujourd’hui ma maison sent l’ail, mon haleine aussi et j’en suis fort aise ! Quelle plante merveilleuse !

Il est très difficile d’établir la réelle origine géographique de cette plante. La plupart des auteurs le disent issu du Kazakhstan et des abords de la mer Caspienne, d’où il aurait migré vers l’Asie d’un côté, puis vers la Méditerranée et tous les pays la bordant. Ensuite, on le sait, l’ail est parti conquérir le monde grâce aux épopées colonialistes des européens. L’ail fait partie des plus anciens « légumes » cultivés par l’humain, tant pour son apport nutritionnel que pour ses qualités médicinales. Des écrits Sanskrit datant de plus de cinq mille ans relatent ses propriétés médicinales. Au 19e siècle, nul autre que Louis Pasteur parle des propriétés antibactériennes de l’ail ! C’est tout dire.

L’ail fait l’objet de beaucoup de recherches scientifiques très intéressantes qui sont, semble-t-il, toutes d’accord pour conclure que les bénéfices thérapeutiques de l’ail sont réels et extraordinaires, mais que davantage de recherches sont nécessaires avant d’assurer son efficacité sur l’humain. Peu importe, l’action de l’ail est quand même reconnue. Ses principaux usages thérapeutiques sont de prévenir et traiter les problèmes cardiovasculaires, d’être un puissant antimicrobien et antibactérien et d’agir comme agent préventif du cancer. Ce sont de complexes composés sulfurés, donc comportant une forte proportion de souffre, qui sont particulièrement actifs. Le fait d’écraser l’ail active ses composants biochimiques.

Au niveau cardiovasculaire, l’ail permet de réduire la concentration de cholestérol. Il empêche l’oxydation nocive de ce dernier et balance favorablement le ratio HDL/LDL. Aussi, il agit sur l’hypertension, permettant des diminutions de pression sanguine de 5 à 7%. Il est ainsi utile pour les troubles d’athérosclérose et pour prévenir les thromboses et autres caillots, de même que pour les problèmes cardiaques. Il y a bien entendu quelques contre-indications et précautions, la principale étant que l’ail, ayant un effet fluidifiant sanguin, ne doit pas être pris en même temps qu’une médication analogue. Comme il agit à ce niveau de façon immédiate et éphémère, il est déconseillé de prendre de grandes doses d’ail avant une chirurgie. Il est toujours important de consulter son herboriste ou autre spécialiste si vous envisager prendre de l’ail pour soutenir votre système cardiovasculaire.

Je n’avais pas mentionné ce point, mais il a aussi des effets sur le diabète. Des études sur des rats et des souris montrent qu’il peut réduire les taux de glucose sanguin. Son action est soit due à une augmentation des sécrétions d’insuline par le pancréas, soit elle agit sur les liens entre l’insuline et ses récepteurs. Encore une fois, consultez votre herboriste !

Pour ses qualités antibactérienne et antimicrobienne, les multiples constituants biochimiques de l’ail en font un allié incroyable pour venir à bout d’une importante quantité de bactéries, dont les staphylocoques et streptocoques. Il empêche aussi les bactéries de produire les toxines nuisibles qu’elles ont tendance à sécréter. De plus, elles ne peuvent pas développer de résistance à l’ail, contrairement aux antibiotiques de synthèse. Beaucoup de ses composantes s’éliminent par les poumons, ce qui fait de lui un des spécialistes des infections respiratoires et autres rhumes et grippes.

L’ail agit aussi sur les infections fongiques et les parasites, au niveau des systèmes digestif, urinaire et génital. Il aide à contrôler le Candida albican et bon nombre de parasites intestinaux et cutanés, dont le pied d’athlète et le Tinea, communément appelé teigne.

Les cancers maintenant. L’ail agirait sur les cellules cancéreuses un peu comme il agit sur les bactéries, soit en les empêchant de se développer, de se diviser. Aussi, ses importantes propriétés antioxydantes agissent sur le potentiel de croissance et de nuisance des cellules malsaines. Ici encore, c’est de la biochimie compliquée. Il semblerait que certaines formes d’ail soient à privilégier pour l’effet anti-cancer. L’ail vieilli serait plus efficace. D’autres auteurs parlent plutôt d’ail cru. Personnellement, je suis de l’école de la simplicité ; le meilleur mode d’utilisation d’une plante sera celui qui s’intègre le plus facilement et le plus naturellement dans la vie de l’utilisateur. Donc si l’ail cru abonde, c’est la forme à privilégier. Si de l’ail vieilli se présente, en capsules ou en teinture, go for it.

On peut faire une macération dans du vinaigre de cidre, c’est facile et ça fait des super vinaigrettes. Évitez le contact entre le vinaigre et le métal par contre, donc couvrir l’embouchure du pot avec une pellicule plastique avant de mettre le bouchon. Une part d’ail fraichement écrasée pour trois parts de vinaigre.

Bon automne !

Annie Rouleau, herboriste praticienne

annieaire@gmail.com