Passagères clandestines

Un texte de Organisme du bassin versant de baie Missisquoi

Paru dans le numéro

Publié le : 15 août 2024

Dernière mise à jour : 16 août 2024

 

Les espèces aquatiques exotiques envahissantes menacent nos lacs, étangs et rivières. Pour les éradiquer, il faut nettoyer nos embarcations.

Elles sont nombreuses, mais elles savent se fondre dans la masse. Leur force ? Proliférer à la vitesse de l’éclair et coloniser très rapidement un milieu, remplaçant par le fait même les espèces qui s’y trouvent naturellement. Celles-ci ne sont pas de taille pour résister à cet envahisseur venu d’ailleurs, qui ne connaît ici aucun prédateur. Qui sont donc ces ennemis ? On les appelle les espèces aquatiques exotiques envahissantes (EAEE) et elles menacent nos lacs, nos étangs et nos rivières. Il existe heureusement un moyen simple et efficace de leur barrer la route : nettoyer nos embarcations. 

espèces aquatiques exotiques envahissantes
Myriophylle à épi. Photo : Alison Fox, Université de la Floride

Le myriophylle à épi, un ennemi redoutable

S’il existe des dizaines d’EAEE au Québec, le myriophylle à épi est l’une des plus répandues. Installé dans près de 200 lacs, il est presque impossible à éradiquer et son contrôle est extrêmement coûteux en temps et en argent. Il forme rapidement une véritable canopée aquatique qui étouffe le milieu, entrave la baignade, la navigation, la pêche, et diminue l’attrait du plan d’eau et des propriétés riveraines. Un seul fragment de myriophylle à épi est suffisant pour donner vie à une nouvelle colonie. Imaginez alors l’effet du passage d’une embarcation, surtout si celle-ci visite un autre plan d’eau par la suite. Un seul fragment, transporté tel un virus par une embarcation, patient zéro d’une nouvelle épidémie.

La prévention est le meilleur rempart 

Le meilleur moyen de prévenir la propagation et la prolifération des EAEE est d’inspecter et de nettoyer son embarcation (bateau, remorque, planche à pagaie, canot, kayak), ainsi que tout l’équipement utilisé (bottes, vestes de flottaison, matériel de pêche, etc.), avant et après avoir fréquenté un plan d’eau. Il faut ensuite retirer les plantes, la boue, les organismes et les résidus visibles et les jetez dans une poubelle. L’embarcation doit être vidée de toute son eau, nettoyée idéalement avec de l’eau à 60 °C, puis séchée. 

Deux stations de lavage sont accessibles à Eastman (voir le site de la municipalité) et une à Dunham (prendre rendez-vous au 450-295-2418). Pour que leur portée soit réelle, un règlement municipal doit rendre leur utilisation obligatoire. À défaut d’y avoir accès, vous pouvez nettoyer vos embarcations chez vous, en suivant les recommandations du RAPPEL (que vous trouverez sur leur site).

L’apport de sédiments et de nutriments favorise la prolifération des plantes aquatiques. Adopter de bonnes pratiques à l’échelle d’un bassin versant (bandes riveraines, contrôle de l’érosion, etc.) est un autre moyen de contribuer au contrôle des EAEE. 

Signaler LES EAEE

La détection précoce est essentielle pour lutter efficacement contre les EAEE. Vous pensez en avoir repéré une ? Photographiez-la et informez-en le ministère de l’Environnement via Sentinelle, un outil d’information et de détection des espèces exotiques envahissantes. Une fois validées, vos observations seront intégrées à la base de données, accessible à tous. De cette façon, vous contribuerez à l’amélioration des connaissances sur la répartition de ces espèces au Québec et à la protection de nos plans d’eau.

La lutte aux EAEE est une responsabilité collective que nous devons comprendre et assumer pour pouvoir profiter encore longtemps de nos lacs, rivières et étangs. Alors ouvrez grands vos yeux, inspectez, retirez, videz, nettoyez et séchez vos embarcations, équipements et accessoires, systématiquement. Ça marche. 

Julie Reinling, chargée de projet en mobilisation, concertation et communications

communications@obvbm.org