Fumile et le Passe-Montagne

Un texte de Geneviève Hébert

Paru dans le numéro

Publié le : 26 août 2021

Dernière mise à jour : 26 août 2021

 

Le pari d'Alex Surprenant et de Mélodie Lavergne de Fumile est de ramener à l’avant-scène le chapeau sur mesure.

L’ancien hôtel et resto-bar du village de Frelighsburg a été transformé en atelier de chapellerie cet hiver. Les nouveaux propriétaires ont décidé de garder l’espace restauration juste derrière la salle d’exposition afin que leurs clients puissent prendre le temps de s’arrêter un instant lorsqu’ils entrent dans l’espace qui vaut bien une petite pause !

Québec House Café devient le Passe-Montagne

Depuis qu’ils ont ouvert l’espace, Mélodie Lavergne et Alex Surprenant servent dans l’espace café-buvette du Québec House café, des assiettes de charcuteries et de fromages québécois, des grignotines, les cafés Lenoir & Lacroix, ainsi qu’une carte des vins et de cocktails où figurent des produits québécois. Mais dernièrement, il n’est plus possible de concilier restauration et chapellerie, car la demande pour les chapeaux explose.

En septembre prochain donc, Julien Archambault et Maxance Martinez Ferland reprendront la gestion du restaurant qui s’appellera désormais le Passe-Montagne. Ils comptent y tenir ce qu’on appelle en France une « Cave à Manger », un restaurant & bar à vins spécialisé, ici en vins nature, qui propose aussi des plats. On a déjà hâte d’aller y flâner !

Fumile
Alex Surprenant et Mélodie Lavergne

Fumile

Quand on pense chapellerie, on pense à un art d’un autre temps. D’ailleurs, aujourd’hui, la plupart des chapeaux vendus dans les boutiques sont de fabrication industrielle. Le pari de Fumile est de ramener à l’avant-scène le chapeau sur mesure. « Et il y a tant à faire ! » s’exclame Mélodie. L’univers du chapeau a, selon eux, été mis en dormance depuis des années.

Mais au départ, Alex avait simplement envie de « travailler de ses mains et de faire quelque chose de créatif. » Il a donc suivi un cours d’introduction à la chapellerie avec Lucie Grégoire, modiste, chapelière et enseignante depuis 25 ans. Comme il revenait souvent vers elle avec des questions, elle lui a généreusement ouvert son atelier pendant près d’une année. Ce qui devait être un passe-temps est devenu une passion.

Fumile
Différents modèles de chapeaux sont en démonstration en boutique chez Fumile.

Mélodie, elle, avait déjà sa compagnie de vêtements, Sass Créations. C’est en faisant des collaborations pour des collections vêtements-chapeaux avec Alex que la magie a opéré. Elle a été séduite par le processus de fabrication. « Fabriquer un chapeau, c’est un peu comme de faire une sculpture. On est tout de suite dans le tridimensionnel, » précise Alex. « Ce n’est pas comme avec le vêtement pour lequel il faut faire plusieurs dessins et suivre un patron, » poursuit Mélodie. « En plus, on peut laisser l’inspiration nous amener ailleurs en cours de route. La fabrication des chapeaux a quelque chose de spontané, d’organique… »

La rencontre client

C’est un peu cette magie qu’ils aiment retrouver avec les clients. En boutique, plusieurs modèles personnalisés sont disponibles, mais le client peut aussi opter pour un chapeau sur mesure. Ranger, gambler, cordobes, porkpie, western cattleman, bols péruviens, canotier, fédora, bob, gavroche, casquette ; voilà quelques-uns des modèles de base que proposent Mélodie et Alex. Une fois la forme choisie, tout est modulable. Premièrement, la matière. Certaines formes sont faites de tissus, d’autres de paille ou de feutre (laine, lapin ou castor). Puis, les couleurs et les textures peuvent varier à l’infini, selon les arrivages et l’inspiration du moment. « La création se fait avec le client, s’inspire du client. Celui-ci nous donne des idées, se laisse aller, nous fait confiance. Et parfois, leurs idées inspirent nos futures collections. »

Fumile

Le chapeau, objet identitaire

D’ailleurs, si vous observez de près les chapeaux Fumile en démonstration, vous verrez que la phrase We all have scars revient souvent, inscrite dans la coiffe des chapeaux ou cousue à même le feutre. À leurs débuts, ils avaient repris une erreur sur un chapeau avec une couture. Voyant la cicatrice, ils ont alors décidé que ça avait de la gueule. Ils en ont donc intégré à certaines collections. « Cette phrase prend de plus en plus de sens pour nous. Le chapeau est une extension de notre identité. Il faut l’assumer, comme on doit assumer qui on est, avec le passé imprégné en nous, avec nos cicatrices… » explique Mélodie.

Fumile s’agrandit

Depuis qu’ils se sont déposés à Frelighsburg, la production ne cesse de prendre de l’ampleur. « Nous avons commandé de nouveaux appareils qui vont nous aider à gagner du temps. Mais notre but, c’est quand même de rester une petite manufacture familiale, » explique les deux créateurs. Nos deux chapeliers aimeraient donc agrandir la famille prochainement, mais ils cherchent la personne à qui ferait le chapeau. Donc si vous avez la tête de l’emploi…

Autrement, pour trouver chapeau à sa tête, les heures d’ouverture de Fumile sont : jeudi et vendredi, de 11 h à 19 h, samedi de 10 h à 18 h et dimanche, de 10 h à 17 h. Et pour vous faire une tête, visitez www.fumile.ca.

Geneviève Hébert