Du mouvement vers Brome-Missisquoi

Un texte de Frédéric Tremblay

Paru dans le numéro

Publié le : 27 juin 2020

Dernière mise à jour : 10 décembre 2020

 

En préparant la présente édition, la première depuis le début de la pandémie, j’ai été interloquée par les commentaires de plusieurs courtiers immobiliers. Nombre d’entre eux me parlaient d’un boom immobilier, de recrudescence d’acheteurs et de manque d’inscriptions. Nadja-Maria Daveluy me déclarait : « Le jour de réouverture du marché, j’ai reçu trois offres d’achat pour la…

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En préparant la présente édition, la première depuis le début de la pandémie, j’ai été interloquée par les commentaires de plusieurs courtiers immobiliers. Nombre d’entre eux me parlaient d’un boom immobilier, de recrudescence d’acheteurs et de manque d’inscriptions. Nadja-Maria Daveluy me déclarait : « Le jour de réouverture du marché, j’ai reçu trois offres d’achat pour la même maison. Il y a eu de la surenchère. Je n’avais jamais vu ça. On dirait que les gens se sont aperçus que le télétravail était possible. »

À Bedford, Johanne Bourgoin a aussi cette impression : « J’ai des inscriptions qui étaient là depuis 2 ans qui se vendent. Je manque d’inscriptions ! Je pourrais même faire des offres sur des propriétés. »  Les statistiques sur le marché immobilier de la région confirment ce que pense Johanne Bourgoin ; il y a une baisse de 16 % des inscriptions en vigueur pour les 4 premiers mois de l’année par rapport à l’année précédente. Aussi une baisse de 20 % des nouvelles inscriptions pendant ces 4 mois. Il est possible que plusieurs nouveaux vendeurs aient été freinés par les mesures de confinement et ont décidé de retarder la mise en vente de leur propriété.

Du côté de Sothebys, qui couvre la grande région des Cantons de l’Est, même son de cloche. Johanne Meunier précise : « il y a une forte demande de location saisonnière. Surtout pour les maisons de prestige. Une très forte hausse des visites de maison de villégiature dans le très haut de gamme. Les gens veulent moins voyager. Ils veulent pouvoir accueillir leur famille dans les prochains mois et années. Il y a une pression sur l’inventaire, qui diminue. Pas de surenchères, mais des offres multiples. Sur des terres et des terrains aussi. » Madame Meunier croit que c’est dû à l’environnement, plus propice à une belle qualité de vie et à la distanciation. Elle ajoute : « Beaucoup cherche une résidence secondaire qui a le potentiel de devenir primaire avec le télétravail. Ce sont donc des professionnels qui ont besoin d’un service Internet performant. »

Après l’exode rural des années 60, vivons-nous maintenant un exode urbain ? Le désir de sortir des grands centres semble être présent dans plusieurs pays à travers le monde. Dans La Presse + du 14 juin, un article faisait mention d’une tendance des Français à migrer plus près de la nature. Toujours selon le reportage, l’exode est devenu réalité pour plusieurs avec le Covid-19. À Montréal, cet exode existe déjà depuis quelques années. Entre les 1er juillet 2017 et 2018, plus de 35 000 personnes se sont installées dans la métropole montréalaise, contre près de 60 000 qui ont pris la clé des champs, selon l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).

Par contre, il faut également préciser que la tendance à venir vivre dans Brome-Missisquoi s’était déjà affirmée depuis quelques années. Le pourcentage de migration interrégionale vers l’Estrie est l’un des plus forts à travers le Québec. Selon les données du recensement de 2016, la population de la MRC Brome-Missisquoi augmente plus rapidement (hausse de 4,8 %) que dans la province (hausse de 3,3 %).

De plus, à l’heure actuelle, les taux d’intérêt sont très favorables à l’achat. Cette situation incite plusieurs personnes à faire l’acquisition d’une résidence, primaire ou secondaire. Par contre, ce n’est qu’à la fin de l’année que nous pourrons avoir une meilleure idée de l’effet Covid sur les inscriptions et le marché immobilier. L’état actuel du marché et du mouvement migratoire vers notre région sera-t-il une anomalie statistique post Covid-19 ? Ou allons-nous considérer qu’il y avait un avant-pandémie et un après-pandémie ?

Par Geneviève Hébert et Frédéric Tremblay