La Guerre des tuques

Un texte de Gaël Steinmetz

Paru dans le numéro

Publié le : 15 mai 2015

Dernière mise à jour : 2 novembre 2020

 

Bien qu’il me répugne d’aborder le délicat sujet de l’hiver prochain en ces derniers soubresauts d’agonie de nos bancs de neige teintés de gravelle grise, je dois admettre qu’il nous donne au moins une bonne raison de l’apprécier. Rock Demers, après plusieurs années de tergiversations, a finalement cédé à la pression populaire et accepté de…

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Bien qu’il me répugne d’aborder le délicat sujet de l’hiver prochain en ces derniers soubresauts d’agonie de nos bancs de neige teintés de gravelle grise, je dois admettre qu’il nous donne au moins une bonne raison de l’apprécier. Rock Demers, après plusieurs années de tergiversations, a finalement cédé à la pression populaire et accepté de se lancer dans l’aventure d’une nouvelle mouture en animation 3D d’une vache sacrée de la culture québécoise : La Guerre des tuques. Avec, à la réalisation, Jean-François Pouliot, l’homme derrière La grande séduction et la campagne de publicité de Bell, Monsieur B avec Benoit Brière. Avec les voix de Sophie Cadieux, Anne Casabonne, Hélène Bourgeois-Leclerc, André Sauvé, Gildor Roy, Mariloup Wolfe, et bien d’autres. À la conception graphique, Philippe « fil » Arseneau-Bussières, bien connu dans le paysage de la littérature jeunesse du Québec. Et avec, à la coréalisation, François Brisson, artiste peintre ayant pignon sur rue en plein cœur du village de Sutton, à la galerie d’art Les Imagiers dont il est propriétaire.

Chaque fois que j’ai vu les œuvres de François, j’ai toujours pensé qu’il y avait quelque chose de délicieusement cartoonesque dans son art. Et pour cause, l’artiste, hormis son indiscutable talent de peintre, cumule plus de 25 ans de bagage dans le domaine de l’animation à la télévision et au cinéma. Lors de notre entretien, j’ai demandé à François quelle était la nature de son implication au sein du projet.

« Mon rôle est de superviser l’équipe d’animateurs pour que l’esthétique de Fil Arseneau soit respectée et que la vision de Jean-François Pouliot ne soit pas dénaturée dans le processus d’animation du film. »

Chose simple à énoncer, mais infiniment plus complexe à mettre en œuvre. Le simple fait de créer un story-board consiste en plusieurs centaines, voire des milliers d’esquisses qui constitueront la trame de base sur laquelle s’appuieront les animateurs pour donner vie à l’histoire du film. Ensuite vient l’étape où le coréalisateur doit revoir, image après image, le cadrage, les mouvements, la perspective, l’éclairage, les couleurs et une infinité de détails qui semblent anodins à nos yeux de néophytes, mais qui donnent l’âme, l’identité propre à un film d’animation. Travail de moine s’il en est. À ce sujet, M. Brisson s’est montré volubile :

« On ne voulait pas faire un film à la Hollywood. La Guerre des tuques, c’est un grand classique québécois. Il fallait que le public du Québec sente que ça vient d’ici, que l’âme du film reflète notre réalité, nos hivers. On est allé faire du repérage dans Charlevoix, sur les lieux de tournage du film original pour bien camper le décor. Sans faire une copie conforme du film initial, il fallait quand même que ceux qui ont grandi avec la production de 1984 retrouvent l’essence de leur film culte. Mais on devait s’assurer que l’animation ait sa propre personnalité, sans être un clone de son précédent. »

Désormais en stade de finition, le projet devrait entrer en postproduction vers la fin du mois d’octobre, avec une sortie en salle prévue pour le temps des fêtes 2015. Disons que le fan inconditionnel de Star Wars que je suis se verra confronté à un cruel dilemme l’hiver prochain.