L’espace de liberté des cours d’eau

Un texte de Organisme du bassin versant de baie Missisquoi

Paru dans le numéro

Publié le : 17 août 2019

Dernière mise à jour : 30 octobre 2020

 

Par Frédéric Chouinard Les inondations font bel et bien partie du paysage autant géographique que médiatique. En secteur montagneux comme les Appalaches, où est distribué le journal Le Tour, bien que les ruisseaux et rivières aient des débits (volumes) plus faibles que dans les plaines et vallées, les dynamiques des cours d’eau sont plus actives…

Par Frédéric Chouinard

Les inondations font bel et bien partie du paysage autant géographique que médiatique. En secteur montagneux comme les Appalaches, où est distribué le journal Le Tour, bien que les ruisseaux et rivières aient des débits (volumes) plus faibles que dans les plaines et vallées, les dynamiques des cours d’eau sont plus actives et les lits d’écoulement sont généralement plus mobiles. Ainsi, certains secteurs riverains qui n’étaient pas inondables il y a 50 ans peuvent dorénavant se trouver à quelques mètres du lit d’écoulement d’une rivière ou d’un ruisseau et se trouver à risque d’inondation, d’infiltrations souterraines ou même d’érosion des berges et pertes de terrain.

Ce « corridor de mobilité » d’un cours d’eau, aussi nommé « espace de liberté », est une zone importante à considérer en aménagement du territoire étant donné sa dynamique active et changeante à long terme (et parfois même à court terme) et les risques que la présence de certains bâtiments ou infrastructures peut poser lorsqu’ils s’y trouvent. En effet, l’exemple de la tempête tropicale Irène, qui a frappé la région en 2011, où plusieurs ruisseaux, rivières et mêmes fossés sont devenus de véritables torrents emportant berges, ponts, routes et bâtiments riverains, constitue un exemple fort des risques liés à la puissance de l’eau.

Avec les changements climatiques, on peut observer que la pluie a tendance à tomber de manière plus forte et « tout d’un coup ». Les coups d’eau semblent dorénavant plus fréquents. Les cours d’eau et fossés de notre belle région sont soumis à de fortes pressions érosives. Les quantités de sédiments qui s’accumulent dans nos rivières et lacs sont bien visibles et parfois préoccupantes. De tels bancs de sédiments ont comblé des bassins de pêche et de baignade autant dans les rivières Sutton, Missisquoi, qu’aux Brochets. Nos voisins du lac Davignon, avec sa fameuse « Île aux Mouettes », subissent aussi le même sort.

Il importe donc de s’adapter aux changements climatiques et d’adopter de nouvelles approches en occupation des territoires riverains. L’espace de liberté des rivières et ruisseaux est une zone d’inondabilité et d’érosion dynamique. Cet espace permet aux cours d’eau de faire des méandres. Ça leur permet également d’épancher leur puissance érosive et leurs trop-pleins d’eau . Ils déposeront ainsi leurs sédiments dans de multiples bancs de sable et gravier. Ces derniers seront aussi utilisés par la faune locale, notamment les tortues pour pondre leurs œufs. Ce corridor naturel permet à long terme à un cours d’eau de maintenir son équilibre et d’éviter les « débordements ». Il est donc important de laisser cet espace libre pour que l’eau et les sédiments puissent circuler. Ceci diminue l’impact sur les populations, bâtiments et infrastructures riveraines et en aval.

Pour en savoir plus, une étude a été réalisée par Ouranos sur les espaces de liberté des rivières de la Roche à Saint-Armand et Yamaska Sud-Est près de Cowansville :  ouranos.ca/publication-scientifique/RapportBironetal2013_FR.pdf. Une étude à paraitre a également été produite sur une portion de la rivière Sutton.

APPEL À TOUS

Vous avez été témoin d’un bassin dans une rivière ou ruisseau qui se serait rempli de sédiments ? SVP, nous en faire part à frederic.chouinard@obvbm.org. Ces informations sur l’évolution du bassin versant de la baie Missisquoi peuvent favoriser un aménagement durable de son territoire.

Frédéric Chouinard, chargé de projet à l’OBVBM