Maison agricole Joy Hill

Un texte de Nathalie Rivard

Paru dans le numéro

Publié le : 30 novembre 2021

Dernière mise à jour : 30 novembre 2021

 

Avec ses cépages autrichiens, la Maison agricole Joy Hill à Frelighsburg est vraiment un vignoble à découvrir!

Maison agricole Joy Hill
L’illustration des étiquettes de toutes les bouteilles de vin sont des détails de ce tableau de Josiane Lanthier.

Longtemps associée au « calvaire » des cyclistes en raison de son dénivelé, on a maintenant une autre bonne raison de se rendre en haut de la « Joy Hill » de Frelighsburg depuis que Justine Therrien et Julien Niquet y ont ouvert leur vignoble.

Quand ils ont acheté la terre pour créer la Maison agricole Joy Hill, celle-ci était au départ un verger. Même s’ils ont fait du cidre sur place la première année, ils ont ensuite enlevé les pommiers pour y planter 37 000 vignes, toutes en cépages vinifera. Ils ont tout d’abord choisi des cépages autrichiens, pas connus au Québec comme le Grunër Veltliner (blanc) et le Blaufränkisch (rouge). Leur instinct leur disait qu’ils s’adapteraient bien au Québec en raison de notre climat un peu similaire. Et aussi parce qu’ils adorent les vins autrichiens. Leur pari a porté fruits. Justine mentionne : « il faut aimer ce que l’on cultive, c’est non négociable ». Ils ont aussi planté du Gamay, du Chardonnay, du Melon de Bourgogne (mieux connu sous le nom de Muscadet), du Riesling, du Pinot blanc et un peu de Gamarette, un cépage suisse rouge.

Maison agricole Joy Hill
Justine Therrien et Julien Niquet

Premières vendanges

En 2020, ils ont fait leurs premières vendanges et produit 12 000 bouteilles. Lors de la mise en vente, tout s’est écoulé en un mois : 20 % des bouteilles ont été vendues directement aux consommateurs, 20 % dans des commerces sélectionnés et 60 % aux restaurateurs. « Car on croit à la synergie entre viticulteurs et restaurateurs, » nous dit Justine. Leurs vins sont d’ailleurs dans près de 120 restaurants au Québec.

La sommelière Nadia Fournier de Sutton dit que « les Grüner Veltliner, Blaufränkisch, Gamay et Chardonnay de leur tout premier millésime brillent par leur netteté et leur éclat aromatique. » Nadia a d’ailleurs accordé 4 étoiles au Grüner Veltliner 2020, Pit à feu. « La première récolte de ce cépage en sol québécois a de quoi semer l’enthousiasme chez les amateurs de vins autrichiens, » nous dit-elle. Elle a aussi de très bons mots pour le Gamay 2020, Roche Mère qui, selon elle, est un premier millésime franchement réussi.

Cette année, ils croient pouvoir produire 20 000 litres. « On s’attendait à moins, » nous dit Justine, « car au printemps on a perdu 50 % de notre récolte à cause des gels. La nature a toutefois été généreuse et on a eu un beau millésime. On a pu aller chercher un bon volume et une super qualité. »

Des nouveautés pour l’an prochain

L’an prochain, on peut s’attendre à de nouveaux vins, car leur philosophie est d’adapter leurs cuvées aux millésimes. «On ne veut pas maquiller le vin ou avoir des vins qui goûtent la même chose chaque année », explique Justine. Par exemple, en 2021, il n’y aura pas de Pit à feu, car les raisins n’ont pas atteint la même maturité en raison des gels du printemps. Ils vont donc travailler le raisin différemment. « Freli en juillet ne sera pas de retour non plus en 2021, car on a presque tout perdu notre Riesling au printemps. On travaille avec ce que la nature nous donne, » affirme Justine.

Un premier millésime qui fait jaser

Le couple a eu beaucoup de commentaires positifs et ils ont de quoi être fiers. « C’est très gratifiant pour nous de savoir que nos vignes de seulement 3 ans réussissent déjà à produire de bons “jus”. On est conscient toutefois que la réussite d’un vigneron recommence chaque année. Il ne faut jamais s’asseoir sur nos lauriers. Il faut se rappeler que l’on est seulement aussi bon que notre dernier millésime, » précise Justine.

Justine et Julien continuent de bonifier le milieu naturel vivant pour bonifier le raisin et faire de meilleurs vins. « On travaille fort pour recréer un écosystème propice à la culture du raisin. On croit très fort à l’agriculture régénératrice et à la permaculture, » nous dit Justine.

Aller au bout de ses rêves

Ultimement, ils aimeraient exporter leurs vins ailleurs dans le monde. « Comme on reçoit des vins provenant d’autres pays depuis des dizaines d’années, ce serait excitant de faire voyager les nôtres, en même temps que ceux d’autres vignobles québécois comme le Domaine du Nival et Pinard et filles. »

D’ici là, le couple et son équipe travaillent fort, car même si les vendanges sont terminées, il reste beaucoup à faire à la Maison agricole Joy Hill, dont tailler et protéger les vignes pour l’hiver, un marathon qui devrait les tenir occupés jusqu’à la fin novembre.

Pour plus d’informations sur le vignoble, visitez www.maisonjoyhill.com.

Nathalie Rivard