Les éditions No Bar Code Press 

Un texte de Geneviève Hébert

Paru dans le numéro

Publié le : 26 février 2019

Dernière mise à jour : 3 novembre 2020

 

Quand on entre chez Fran Sendbuehler au premier étage de l’ancien magasin général d’Abercorn, on comprend que le métier de relieur date d’une autre époque, et que sa pratique est complexe. La cisaille à reliure en fonte massive sur table occupe la moitié de la pièce principale. On y trouve aussi une presse à relier,…

Fran Sendbuehler

Premier coup d’oeil dans un coin de l’atelier

Quand on entre chez Fran Sendbuehler au premier étage de l’ancien magasin général d’Abercorn, on comprend que le métier de relieur date d’une autre époque, et que sa pratique est complexe. La cisaille à reliure en fonte massive sur table occupe la moitié de la pièce principale. On y trouve aussi une presse à relier, une table de travail surmontée de pots de colle, quelques étaux, un petit atelier de teinture en coin, quelques peaux de cuir et beaucoup d’objets et d’outils éclectiques. Une autre pièce renferme une machine à coudre et deux gros anciens meubles à tiroirs remplis de papiers marbrés et japonais.

Pendant notre échange, Fran défait de ses doigts agiles les nœuds en chaînette qui relient les feuillets jaunis d’un livre sur l’histoire du Canada datant de 1913. Elle doit refaire la reliure et la couverture. Le hasard a voulu que l’auteur, FX Garneau, soit son grand-oncle du côté maternel. De toute évidence, Fran entretient une relation intime avec l’histoire. Sur sa table de travail se trouve un dictionnaire de 1825 sous deux poids de fonte afin de garder les pages bien en place. Elle attend de trouver le cuir dont l’épaisseur, la couleur et la texture saura du mieux s’agencer avec l’ancien, visiblement fatigué.

La reliure est un métier de moine, en voie de disparition. Aujourd’hui, la plupart des pages de livres sont collées au lieu d’être reliées avec de la ficelle. Ça coûte moins cher, mais ça dure moins longtemps. Tout comme les couvertures, qui sont généralement en papier ou en carton recouvert de papier vernis au lieu de cuir ou de tissu. Aux Éditions No Bar Code Press, les matières sont nobles (cuir, lin, laine, papier fin, fils de soie) et les réparations sont effectuées afin de garantir la durabilité.

Fran est arrivée à Abercorn il y a 5 ans. Née à Montréal, elle a aussi vécu en Ontario et en Colombie-Britannique où elle a étudié la littérature anglophone. Tout au long de notre entretien, elle passe de l’anglais au français avec une aisance déconcertante. La vie de Fran a toujours tourné autour des livres et elle voue une fascination à la fois à leur contenu et à leur contenant. Elle a été libraire, elle a fait de la mise en page, du graphisme, étudié la typographie. Sa maîtrise à l’Université de Montréal abordait le design des livres. Elle leur fabrique également de magnifiques boîtiers et étuis, au besoin.

Touche-à-tout, elle fait aussi toutes sortes de réparation d’objets en cuir (sacs à main, manteaux, etc.), du rembourrage et de la réparation de vêtements vintage. Elle flirte même avec la taxidermie. Bref, elle aime créer et redonner une seconde vie aux objets. Selon elle, « Il est essentiel de savoir comment réparer quelque chose ou au moins d’avoir le courage d’essayer. » D’ailleurs, pour refendre au couteau d’une main assurée une peau de cuir neuve il en faut du courage, car celles-ci se vendent à prix fort.

N’hésitez pas à aller voir quelques-uns de ses projets sur sa page : facebook.com/nobarcode. Ça pourrait vous donner l’envie de redonner un petit coup de fouet à votre vieux portefeuille ou de commander un boîtier pour votre collection de livres préférés.