Ski, environnement et changements climatiques

Un texte de Anthoni Barbe

Paru dans le numéro

Publié le : 8 novembre 2023

Dernière mise à jour : 17 janvier 2024

 

Le ski et toute activité ou presque engendre des impacts sur notre environnement. Connaître ces impacts nous aide à mieux nous adapter à notre milieu.

ski environnement

Le ski est une activité centrale dans l’économie locale de plusieurs régions du Québec. Sutton ne fait évidemment pas exception puisque la station attire un important flux touristique en hiver en plus de concentrer plusieurs habitations sur la montagne. Le ski est aussi une activité qui engendre un certain nombre d’impacts sur son environnement immédiat, notamment sur le réseau hydrologique.

Sutton est aux premières loges québécoises du réchauffement climatique. Étant situé tout au sud du Québec, à la frontière avec la Nouvelle-Angleterre, Sutton voit déjà son climat changer. La neige arrive plus tard et elle dure moins longtemps, la pluie en hiver est plus fréquente, mais les étés secs abaissent les réserves en eau sur la montagne. 

Le ski a soif

La consommation d’eau est une des principales pressions sur l’environnement qu’induit une station de ski. On estime qu’il faut 4000 m3 d’eau (soit plus qu’une piscine olympique) pour couvrir un hectare de neige artificielle. À titre de référence, le domaine skiable de Sutton ferait environ 93 hectares de superficie skiable (dont seulement une partie est couverte de neige artificielle). Plus il fera chaud, plus les stations auront besoin d’eau. 

L’hiver est une période hydrologiquement sèche, c’est-à-dire que lorsqu’il y a des précipitations, ces dernières s’accumulent au sol au lieu de s’écouler dans le réseau hydrique. L’eau qui coule en hiver dans les petits cours d’eau provient principalement des nappes phréatiques et des réservoirs d’eau de surface que sont les lacs. 

De l’eau pour la survie de l’industrie

La plupart des stations de ski du Québec, particulièrement celles du sud, ne peuvent se passer de canons à neige pour fonctionner. La plupart des canons à neige au Québec sont d’anciennes générations : ils ont besoin de conditions plus froides, de plus d’eau et de plus d’énergie pour fonctionner que les canons à neige modernes. 

Le Mont Sutton a commencé à s’équiper en canons à neige modernes, mais la question importante est de savoir : ces canons remplacent-ils les anciens ou s’ajoutent-ils aux anciens ? Car actuellement, la station de ski n’est pas la seule qui a besoin d’eau, les résidences construites sur la montagne aussi. 

Polluants éternels dans l’environnement

Les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (PFAS) sont des polluants dits éternels, car ils s’accumulent pour toujours dans l’environnement et dans l’eau. Ils ont récemment été détectés dans l’eau potable de plus de 300 municipalités du Québec, y compris à Sutton dans une faible proportion. Plusieurs activités, notamment industrielles, sont susceptibles d’émettre ces polluants.

Le ski est une activité qui entraîne la présence des PFAS dans l’environnement, principalement en raison de la cire utilisée sur les skis. L’eau dans certaines hautes stations des Alpes et des Rocheuses est désormais fortement contaminée par ces produits. La situation semble encore peu documentée au Québec. Une chose est sûre : déjà le manque d’eau sur la montagne est un casse-tête pour Sutton, il ne faudrait surtout pas que cette ressource soit en plus contaminée pour toujours par les PFAS.

S’adapter : la seule solution

Toute activité ou presque engendre des impacts sur notre environnement. Connaître ces impacts nous aide à mieux nous adapter à notre milieu. Les stations de ski du Québec devront continuer leur adaptation déjà bien entamée. Remplacement des canons à neige, développement d’un tourisme 4 saisons ; certaines solutions sont déjà en train d’être mises en place. 

Il faut poursuivre cette adaptation, car le climat va continuer de changer et les pressions sur l’environnement semblent là pour rester dans une certaine mesure. Les stations de ski, même si elles sont parfois sur des propriétés privées, sont situées sur les montagnes qui constituent notre patrimoine naturel collectif. Il importe donc à toute la collectivité de s’intéresser à son état et d’en prendre soin ! 

Anthoni Barbe, consultant en aménagement du territoire

Msc. Géographie