Patrimoine naturel collectif en terres privées

Un texte de Organisme du bassin versant de baie Missisquoi

Paru dans le numéro

Publié le : 1 décembre 2021

Dernière mise à jour : 1 décembre 2021

 

Le danger qui nous guette collectivement dans les Montagnes Vertes est celui de voir se développer massivement des habitations sur les bords de l’eau et de voir disparaître les milieux humides.

patrimoine naturel collectif
La rivière Missisquoi à Glen Sutton

Des efforts encore insuffisants

Les Montagnes Vertes constituent un chaînon des Appalaches s’étalant dans un axe nord-sud, formant une frontière naturelle entre les MRC de Brome-Missisquoi et Memphrémagog. Du mont Orford aux monts Sutton, jusqu’à la frontière du Vermont, les montagnes sont des habitats naturels riches et variés, abritant une importante biodiversité.

Dans cette région des Cantons-de-l’Est, il n’existe pratiquement aucune terre publique. Cette particularité, attribuable à des raisons historiques, compromet notre capacité à administrer collectivement notre patrimoine naturel régional. C’est pourquoi la contribution des propriétaires des terres de la région est indispensable à la protection de notre patrimoine naturel et paysager.

patrimoine naturel collectif
Carte des aires protégées, des milieux hydriques (lacs et rivières) et des milieux humides dans le bassin versant de la baie Missisquoi, dont la portion à l’est se situe en plein dans les Montagnes Vertes

Montagnes protégées, plans d’eau… oubliés ?

L’absence de terres publiques dans la région explique que, dans les monts Sutton, on retrouve la plus grande aire protégée en terres privées de tout le pays. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que cela ne couvre qu’une petite fraction de cette vaste région et que dans ces territoires protégés, il y a une grande oubliée : l’eau.

En effet, l’attention a beaucoup été mise sur la protection des montagnes, de leurs sommets et de leurs versants, qui constituent des habitats importants, notamment pour la grande faune de la région telle que les orignaux ou encore les ours. Toutefois, il n’existe que très peu de terres protégées autour des principaux plans d’eau ou milieux humides de la région, Sutton étant un éloquent exemple de cette situation. Ces plans d’eau, qu’ils soient rivières ou lacs, constituent pourtant une part essentielle des écosystèmes de notre région.

patrimoine naturel collectif en terres privées
Aires naturelles protégées de Sutton et les environs. On constate la quasi absence de terres protégées en bordure des plans d’eau (MELCC, 2021)

Les principales rivières de la région quasiment sans protection face aux pressions immobilières

Dans les vallées des rivières Missisquoi, Missisquoi-Nord, Sutton et aux Brochets, il n’y a que très peu de terres qui sont protégées directement en bordure de ces rivières ou en bordures des lacs qui s’y jettent. Au sud de l’autoroute 10, moins de 1% des aires protégées sont situées en bordure d’une rivière ou d’un lac.

Le danger qui nous guette collectivement dans les Montagnes Vertes est celui de voir se développer massivement des habitations sur les bords de l’eau et de voir disparaître les milieux humides. Cela risque d’aggraver la crise mondiale de la biodiversité (on estime que les populations animales de la Terre ont diminué de 60% depuis 1970), en plus de nous exposer collectivement davantage au risque d’inondations. 

Les propriétaires ont le pouvoir d’agir

À environ une heure de Montréal, cette région est de plus en plus convoitée. Justement pour la beauté des paysages et de la nature qu’on y retrouve. D’où l’importance pour les propriétaires de la région de mettre leur terre en conservation, particulièrement si elle borde un plan d’eau ou si l’on y retrouve un milieu humide. Si les propriétaires ne protègent pas ce patrimoine naturel, personne d’autre ne pourra le faire.

Heureusement, de nombreux organismes œuvrent à protéger notre patrimoine naturel régional, tel que Corridor Appalachien ou encore Conservation de la Nature Canada. Ces organismes peuvent accompagner les propriétaires qui désirent mettre leur terre en conservation. En plus de la protection du milieu naturel, la mise en conservation vient aussi avec des avantages fiscaux pour les propriétaires. En effet, il est important de préciser que la mise en conservation ne vient pas nécessairement avec une perte de possession de la propriété.

Anthoni Barbe, chargé des communications chez OBVBM

communications@obvbm.org