Les étangs artificiels

Un texte de Organisme du bassin versant de baie Missisquoi

Paru dans le numéro

Publié le : 6 juin 2023

Dernière mise à jour : 6 juin 2023

 

L’OBVBM travaille à sensibiliser les propriétaires d’étangs artificiels, ainsi que les municipalités, MRC, entreprises d’aménagement d’étangs, de même que les golfs à cet enjeu d’une saine gestion des étangs artificiels.

Nous n’y pensons pas de prime abord, mais les étangs artificiels peuvent avoir des impacts non négligeables sur la qualité de l’eau souterraine, de surface, ainsi que sur la nappe phréatique. Un étang artificiel en santé a des répercussions positives sur la qualité de l’eau jusque dans l’ensemble du bassin versant (cours d’eau, rivières, lacs en aval). À l’opposé, un étang mal construit et mal entretenu peut avoir des conséquences négatives importantes sur la qualité de l’eau, la faune, la flore et sur tout l’écosystème de la région. 

L’Organisme de bassin versant de la baie Missisquoi (OBVBM) évalue à 1 477 le nombre d’étangs sur son territoire. Ces étangs sont presque tous artificiels et se retrouvent autant en milieu agricole qu’en milieu montagneux et forestier. Ce nombre a pu être déterminé grâce à une analyse cartographique qui permet de cibler précisément les étangs dans le bassin versant.

étangs artificiels
Le guide pour une saine gestion des étangs artificiels de l’OBVBM.

Campagne de sensibilisation

L’OBVBM travaille à sensibiliser les propriétaires d’étangs artificiels, ainsi que les municipalités, MRC, entreprises d’aménagement d’étangs, de même que les golfs à cet enjeu d’une saine gestion des étangs artificiels. L’organisme, qui a pu cibler précisément les propriétaires d’étangs artificiels, leur a fait parvenir en avril dernier un guide sur les bonnes pratiques et la réglementation en vigueur. 

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Exemple de bande riveraine en mauvais état

Une mauvaise gestion de son étang 

Le guide permet de faire l’autodiagnostic de son étang et de savoir quoi faire concrètement s’il est en mauvaise santé. Sur le terrain, l’expert-conseil et biologiste de l’organisme RAPPEL, Bernard Mercier, constate que la majorité des problèmes liés aux étangs artificiels vient de l’absence de bande riveraine ou d’une bande riveraine trop étroite et pauvre en plantes. Bernard Mercier précise : « Une bande riveraine qui ne joue pas son rôle entraîne une cascade d’impacts ; le soleil plombe sur l’étang, l’eau se réchauffe et s’évapore plus rapidement, les plantes aquatiques prolifèrent et prennent toute la place, l’étang étouffe et s’eutrophise et son vieillissement est accéléré. »

L’expert-conseil remarque que les propriétaires ne connaissent souvent pas la réglementation en vigueur pour leur étang, considéré comme un milieu humide renaturalisé. Il explique : « Des étangs aménagés depuis plusieurs années sont souvent connectés au réseau hydrique (à un ruisseau par exemple), ce qui est interdit aujourd’hui. Ces étangs déjà connectés sont alors soumis aux mêmes règlements qu’un plan d’eau naturel ».

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Exemple de bande riveraine en santé

Bonnes pratiques 

Le guide propose plusieurs actions pour une saine gestion des étangs artificiels. La pratique numéro un est de s’assurer d’avoir une bande riveraine assez large avec les trois strates de végétation indigène, soit herbacée, arbustive et arborescente. Ces aménagements permettent notamment de diminuer le réchauffement de l’eau et de filtrer les polluants en provenance du bassin versant (champs agricoles, fosses septiques, etc.). 

Une évidence est de n’utiliser ni engrais ni fertilisants à proximité de l’étang, un moyen sûr de limiter l’apport de nutriments qui favorisent la croissance d’algues indésirables. Bernard Mercier, expert-conseil au RAPPEL, nous met en garde face à différentes pratiques comme l’ajout de bactéries ou autres produits dans les étangs. En effet, ces techniques n’ont pas toujours des fondements scientifiques solides et peuvent altérer les écosystèmes. Il est important de se renseigner auprès de professionnels en environnement avant d’intervenir dans ces plans d’eau.

Espèces exotiques envahissantes

Pour ce qui est de la problématique des espèces exotiques envahissantes, la prévention est la clé du succès. Il est d’ailleurs interdit d’introduire dans un étang des espèces exotiques envahissantes animales (poisson rouge d’aquarium) ou végétales. 

Agir local, mais penser global ! Bernard Mercier explique : « Les propriétaires d’étangs qui veulent améliorer leur qualité d’eau doivent avant tout agir dans le bassin versant (ensemble du territoire se drainant vers leur étang) pour diminuer les apports en polluants plutôt que d’intervenir uniquement à même l’étang. »

Le Guide Bonnes pratiques et réglementation pour vos étangs artificiels a été réalisé grâce à l’aide de la New England Interstate Water Pollution Control Commission en partenariat avec le Lake Champlain Basin Program.

Guide disponible en ligne sur www.obvbm.org. Pour informations : communications@obvbm.org.

Anne Marie Comparot, OBVBM