Notre soif d’eau en hiver

Un texte de Anthoni Barbe

Paru dans le numéro

Publié le : 14 novembre 2022

Dernière mise à jour : 14 novembre 2022

 

Les eaux souterraines sont par définition invisibles dans le paysage. C’est donc plus difficile d’en avoir une bonne vision d’ensemble que pour les eaux de surface qui sont visibles. Pourtant, une vision globale de la ressource en eau locale est essentielle pour en faire une gestion durable. 

Quand on pense au manque d’eau, on pense généralement à l’été, au temps chaud et sec. Pourtant, l’hiver québécois n’en est pas moins une période hydrologiquement sèche qui pose ses défis d’approvisionnement en eau. Sutton ne fait pas exception à cette règle, à l’instar de plusieurs municipalités du bassin versant de la baie Missisquoi. 

nappes phréatiques
Schéma des eaux souterraines et des impacts du développement (pompage et imperméabilisation des sols) sur la nappe phréatique.

Grâce aux nappes phréatiques

Les périodes pluvieuses qui permettent de faire remonter les niveaux d’eau sont typiquement au printemps et à l’automne. Bien qu’il puisse aussi y avoir des épisodes de pluie en été comme en hiver, ces saisons voient généralement le niveau d’eau baissé dans les rivières et les lacs.

Bien que la neige, abondante en hiver, constitue une importante réserve d’eau, cette eau est stockée sous forme de neige au sol et elle n’est donc en grande partie pas disponible pour alimenter le réseau hydrologique. Donc, en hiver (ainsi qu’en été), l’eau qui s’écoule dans les cours d’eau provient presque totalement des nappes phréatiques. 

Les eaux souterraines, une ressource invisible… et essentielle 

Les nappes phréatiques sont donc celles qui permettent à nos rivières de couler en hiver. Ce sont donc elles aussi qui permettent aux humains vivants sur le territoire d’avoir accès à de l’eau douce pour les usages du quotidien. 

Les eaux souterraines sont par définition invisibles dans le paysage. C’est donc plus difficile d’en avoir une bonne vision d’ensemble que pour les eaux de surface qui sont visibles. Pourtant, une vision globale de la ressource en eau locale est essentielle pour en faire une gestion durable. 

Une gestion qui tarit la ressource

Car, tout comme pour l’eau d’un lac ou d’une rivière, il faut connaître le taux de renouvellement pour savoir quelle quantité d’eau il est possible de prélever. Sinon, le risque est que le niveau de la nappe phréatique ne fasse que de diminuer sur le long terme. 

Malheureusement, il semble que la tendance mondiale générale soit à l’abaissement des nappes en raison des pressions dues à l’occupation humaine toujours plus importante (tels que les prélèvements d’importante quantité d’eau et l’imperméabilisation de sol). Concrètement, cela se traduit par des périodes sèches plus longues et avec des niveaux d’eau plus bas. 

Ressource sous pression à Sutton

Le mont Sutton est une zone de recharge des nappes phréatiques, ce qui veut dire que les importantes précipitations qu’on y enregistre infiltrent le sol et alimentent en eau douce les vallées à ses pieds. Pourtant, l’approvisionnement en eau l’hiver sur le mont Sutton est parfois difficile. 

Lorsque les nombreuses résidences dans le secteur montagne sont habitées à pleine capacité lors des belles fins de semaine d’hiver, cela se traduit par un grand besoin en eau localement pour répondre à la demande des résidences et des activités récréotouristiques. Il y a alors le risque que la demande dépasse l’offre. 

L’équilibre nécessaire

Tenter d’augmenter la quantité d’eau disponible en puisant dans la nappe phréatique comporte un risque encore plus grand : celui de vider les nappes phréatiques qui servaient justement à recharger les stocks d’eau souterraine régionale. Tout cela au profit d’un développement qui imperméabilise les sols et qui diminue donc la recharge locale des eaux souterraines. 

Il y a là un équilibre important à maintenir pour assurer la pérennité de l’activité économique dans ce secteur. Cet équilibre, autant les élu.es que les résident.es doivent y contribuer en posant des gestes concrets, notamment en évitant l’imperméabilisation des sols localement. En effet, un mont Sutton qui manque d’eau sur de longues périodes, cela compromettrait le ski, les habitations et les commerces du secteur et personne n’a envie d’en arriver là.  

Anthoni Barbe, chargé des communications

communications@obvbm.org