Le tilleul

Un texte de Annie Rouleau

Paru dans le numéro

Publié le : 5 juin 2023

Dernière mise à jour : 5 juin 2023

 

En Amérique et ailleurs, le tilleul est connu depuis longtemps pour ses qualités relaxantes et calmantes pour le système nerveux.

tilleul

Les fleurs, parfait symbole de l’été. Cette exubérance multicolore et parfumée qui attire l’œil, l’abeille et le geste délicat du bouquet galant. Les champs rose et jaune, les fossés mauve et bleu, les talus orangés, tous ces espaces éclatants. Puis, levant les yeux, à peine, les fleurs des arbres. Elles sont souvent étranges et complexes, plus utilitaires qu’élégantes, mais non moins magnifiques. Et que dire de leur odeur ! Passez sous une allée de robiniers en fleur et vos jambes faibliront ! Même chose pour le tilleul, plus délicat peut-être, enivrant jusqu’à vous bercer vers une sieste nonchalante à l’ombre du grand arbre. C’est une de ses propriétés, au tilleul, de favoriser la relaxation.

D’ici et d’ailleurs

Le tilleul d’Amérique, Tilia americana, est originaire de nos contrées. Ses cousins européens sont utilisés pour leurs vertus médicinales depuis longtemps. Ils se retrouvent dans les aménagements paysagers d’ici, se croisant avec les autres tilleuls, dont l’espèce indigène, pour créer de nouvelles versions d’eux-mêmes, pour le meilleur et pour le pire. Les Premières Nations d’Amérique utilisaient le tilleul pour les mêmes raisons qu’ailleurs.

Propriétés calmantes

Le tilleul est connu pour ses qualités relaxantes et calmantes pour le système nerveux. Personnellement, je l’inclus presque toujours dans mes mélanges pour dormir, pour l’anxiété et pour calmer la tension nerveuse en général. On sait que la tension nerveuse, surtout celle qui dure longtemps, crée toutes sortes de fragilités et de débalancements. Pour prévenir certains de ces troubles, le tilleul est merveilleux. Il préserve le cœur et les artères, aidant à diminuer la tension et les scléroses artérielles. Comme il n’entre pas en compétition ni n’interfère avec les médicaments hypotenseurs, il peut être pris en même temps. 

Le tilleul est aussi indiqué, par son aspect calmant et apaisant, en cas de migraines nerveuses et de troubles digestifs du même acabit. On utilise aussi le tilleul pour favoriser la sudation des fièvres en début de grippe ou de rhume.

Ses fleurs

Il faut savoir qu’on attribue surtout les propriétés du tilleul à ses fleurs. On les récolte lorsqu’elles sont pleinement épanouies, donc généralement au milieu de l’été. Munissez-vous d’un escabeau ; les arbres peuvent être assez haut. Choisissez ceux qui poussent en forêt ou loin des stationnements de supermarché. Remarquez, j’en ai déjà cueilli à Massey-Vanier. Je suis de celles qui chérissent les plantes qui nous environnent ; nous respirons le même air et buvons la même eau. 

Pour conserver les fleurs, il convient soit de les faire sécher dans un endroit sec et bien aéré, ou de les macérer dans un alcool neutre à raison d’une part de plante pour trois parts d’alcool. Par exemple, 50 grammes de fleurs fraîches pour 150 millilitres d’alcool. Ça fait beaucoup de fleurs! Soyez avertis et munissez-vous d’un grand cabas pour l’exercice. Une récolte de groupe est souvent plus agréable et productive qu’une en solo. Ces macérations s’achètent toutefois en magasin, tout comme les fleurs séchées.

Ses feuilles

Les feuilles de tilleul ont aussi des propriétés, un peu différentes. Elles contiennent des mucilages. Ces molécules, lorsqu’extraites dans l’eau, donnent une substance gélatineuse ayant plusieurs indications médicinales. Principalement, on les utilise pour l’inflammation et les douleurs intestinales. Règle générale, on récolte les feuilles au printemps, mais, au besoin, celles matures de juillet feront l’affaire.

Ses autres parties

Deux autres parties de ces arbres sont bénéfiques, mais leur récolte implique une potentielle nuisance pour l’arbre. Je vous en parle un peu, mais quiconque décide de passer à l’acte doit le faire de façon intelligente. Il s’agit de l’aubier de tilleul et de ses bourgeons. L’aubier est la partie nouvelle située entre l’écorce et le bois ancien du cœur de l’arbre et dans laquelle circule la sève. Vous comprendrez que pour le récolter, il faut couper une partie de l’arbre. On l’utilise pour favoriser l’évacuation de la bile par la vésicule biliaire et comme diurétique léger. Les bourgeons, eux, portent un peu de la médecine de toutes les autres parties de l’arbre, étant calmants et aidant doucement les reins. Un jour peut-être, je vous parlerai de gemmothérapie, mais pas aujourd’hui. C’est une affaire de printemps et pour l’heure, c’est l’été et je vous le souhaite heureux et fleuri !

Annie Rouleau, herboriste praticienne

annieaire@gmail.com

Références :

Medical Herbalism, par David Hoffmann, éditions Healing Arts Press

Pharmacognosie, phytochimie plantes médicinales, par Jean Bruneton, éditions Tec & Doc

Médecine Traditionnelle Chinoise, plantes médicinales occidentales, par Anne Vastel et Sylvie Gagnon, Guy Trédaniel éditeur

La médecine des Indiens d’Amérique, par Bernard Assiniwi, éditions Guérin littérature