Qualité de l’eau et érosion

Un texte de Organisme du bassin versant de baie Missisquoi

Paru dans le numéro

Publié le : 7 Décembre 2020

Dernière mise à jour : 7 Décembre 2020

 

L'érosion menace les rivières Sutton et Missisquoi, deux cours d'eau parmi les plus propres de tout le bassin versant de Brome-Missisquoi

Les plus récentes données de qualité de l’eau pour le lac Champlain et ses tributaires montrent que les plans d’eau du territoire ont un indice de qualité d’eau très variable. La portion est du territoire est montagneuse et c’est là qu’on retrouve les rivières Sutton et Missisquoi, qui sont parmi les plus propres de tout le bassin. Cela ne veut toutefois pas dire que ces rivières ne font pas face à des menaces susceptibles de dégrader davantage la qualité de l’eau.

Un équilibre qui menace de s’éroder 

Les fortes pentes du territoire le rendent particulièrement vulnérable à un phénomène naturel bien connu et qui est la principale source de pollution des rivières s’écoulant dans le secteur appalachien du territoire : l’érosion. L’érosion est le processus par lequel l’eau, dans son mouvement, emporte les sédiments sur son chemin. Or, une abondance de sédiments dans l’eau cause plusieurs problèmes. 

L’érosion des berges
Érosion sur une berge principalement recouverte d’herbacées.

Une surcharge de sédiments augmente la turbidité de l’eau et donc réduit la disponibilité en oxygène pour la faune aquatique, un problème pour une espèce vulnérable comme le méné laiton (Hybognathus hankinsoni), qui habite le territoire de Sutton. Ces sédiments peuvent notamment colmater les frayères à poissons et envaser les sites de baignade. Le problème provient aussi du fait que les sédiments viennent généralement avec des nutriments nocifs comme le phosphore, qui en trop grande quantité favorisent l’eutrophisation des plans d’eau, comme c’est le cas pour la baie Missisquoi du lac Champlain. 

Plusieurs milieux, même problème

L’érosion est susceptible d’arriver dans plusieurs types de milieux. Les constructions en milieu montagneux avec de fortes pentes engendrent un volume important de sédiments mis à nu dans le cadre des travaux. Ainsi, lors d’épisodes de pluie, l’eau qui s’écoule transporte massivement ces sédiments directement dans les cours d’eau. Le même phénomène s’observe avec les routes non pavées, privées ou publiques, qui sont aussi une source importante de sédiments dans l’eau transitant par les fossés. Les activités forestières, en construisant des routes et en dénudant les sols, contribuent aussi au phénomène. 

L’agriculture se pratiquant sur des sols meubles, ceux-ci sont particulièrement sensibles à l’érosion lorsqu’ils ne sont pas retenus par une végétation adéquate. De plus, ces sols ont souvent été fertilisés depuis des décennies. Ceci explique donc qu’à l’échelle de l’ensemble du bassin versant, le milieu agricole est le principal émetteur de phosphore dans les cours d’eau. Même si les régions montagneuses ont moins de terres agricoles, plusieurs foyers d’érosions existent le long des rivières Sutton et Missisquoi.

Des solutions à portée de tous

Pour lutter contre l’érosion, une des principales mesures est la mise en place d’une bande riveraine directement sur les rives des plans d’eau (ruisseaux, rivières et lacs). La végétation favorise la rétention des sols sans accentuer la capacité érosive de l’eau en aval comme le ferait un mur constitué de matériaux inertes. Les municipalités peuvent aussi adopter des règlements pour limiter le développement là où les pentes sont trop fortes. 

L’érosion est la principale menace à la qualité de l’eau pour les régions montagneuses du bassin versant. Même si l’eau dans ces régions est généralement de meilleure qualité, cela ne signifie pas pour autant que l’on ne l’y pollue pas. D’autant que les évènements extrêmes que nous apportent les changements climatiques favoriseront l’érosion et le transit du phosphore dans nos plans d’eau, menaçant toujours plus leur intégrité écologique. La bonne qualité de l’eau actuelle est un signe que les efforts pour maintenir la situation ne doivent pas être relâchés ! 

Anthoni Barbe, chargé de communication
Organisme de bassin versant de la baie Missisquoi (OBVBM)communications@obvbm.org   
514 404 5033

qualité de l'eau